L’honorable Jim Munson : Bienvenue, monsieur le ministre. Nous ne marchons pas sur l’eau, nous patinons sur la glace, qui est quelquefois mince.
Je tiens à saluer le gouvernement pour le programme de réfugiés. Vous nous avez entendus au Comité des droits de la personne et vous avez pris connaissance des questions que nous avons soulevées. Vous avez entendu nos observations, et nous espérons recevoir très bientôt des réponses de votre gouvernement. En passant, il y en aura d’autres.
On a déjà posé la plupart de mes questions sur les réfugiés syriens, mais je m’interroge sur ceux qui ont des problèmes de santé mentale ou des troubles de stress post-traumatique. Le Dr Morton Beiser, qui est psychiatre à l’hôpital St. Michael de Toronto, a des statistiques que nous pouvons corroborer selon lesquelles 12 à 15 p. 100 des réfugiés adultes ont des troubles de stress post-traumatique — et des enfants en souffrent également. À propos d’expériences personnelles dont vous avez parlé, nous avons constaté dans la famille que nous avons parrainée à Ottawa, et dans d’autres familles également, qu’il y a certains problèmes vraiment graves chez les enfants.
Nous avons la Commission de la santé mentale du Canada et nous nous enorgueillissons de sensibiliser le public et d’agir dans ce domaine, en plus de ce que font les hôpitaux. Mais que fait votre gouvernement pour aider les réfugiés qui ont des problèmes de santé mentale ou des troubles de stress post-traumatique? Avez-vous des programmes en place ou bien encourageriez-vous le gouvernement à dépenser un peu plus pour engager des spécialistes qui s’occuperaient des problèmes des réfugiés syriens?
L’honorable John McCallum, C.P., député, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté : Sénateur, voilà encore une bonne question. Nous dépensons quelque 600 millions de dollars par an dans le dossier de l’établissement en général. Nous dépensons des centaines de millions de dollars pour accueillir les réfugiés. Nous avons aussi des budgets pour la formation linguistique.
Tous les Canadiens subissent les effets du sous-financement des services de santé. C’est ce que la ministre de la Santé du Canada a dit plusieurs fois hier. Je crois que l’ancien premier ministre Bob Rae a présenté éloquemment son travail et a trouvé les mots justes pour décrire la situation problématique des services de santé mentale et les lacunes de notre système de santé partout au pays, ce dont souffrent pas uniquement les réfugiés syriens, mais l’ensemble des Canadiens.
Il s’agit d’un problème national qui dépasse largement le seul cas des réfugiés, et ce problème relève de Jane Philpott, notre ministre de la Santé, qui se consacre beaucoup au dossier du financement des services de santé et des services de santé en général.
Alors, bien sûr, je ne peux pas dire que le gouvernement fédéral a prévu une enveloppe budgétaire spécialement pour les problèmes de santé mentale des réfugiés syriens. C’est un dossier qui relève essentiellement des provinces, de toute façon. Mais je peux dire que nous finançons généreusement l’aide aux réfugiés syriens. À certains égards peut-être, nous pourrions en faire davantage. Cependant, ce que je veux dire, de façon générale, c’est que le pays n’en fait pas assez dans le domaine de la santé. Nos dépenses ne sont pas suffisantes. Nous ne consacrons pas assez d’argent à ce domaine. Nous ne traitons pas la question de la santé mentale dans son ensemble avec suffisamment de sérieux.
C’est un problème qui doit être abordé à l’échelle macroscopique pour répondre aux besoins de l’ensemble des Canadiens.
Des voix : Bravo!
Le sénateur Munson : Monsieur le ministre, je suis d’accord avec vous, mais ces personnes qui ont vécu dans des endroits passablement agités du monde vivent des problèmes particuliers dont elles souffrent grandement.
J’ai une brève question complémentaire sur un sujet auquel on a fait allusion. Que diriez-vous aujourd’hui, monsieur le ministre, aux familles de Toronto et d’ailleurs au pays qui attendent depuis sept ou huit mois? Je sais que nous avons mis en œuvre ce programme pour qu’il serve de modèle, et j’applaudis le gouvernement de l’avoir fait, mais nous devons prendre conscience des problèmes de rodage du programme. Des familles connaissent les noms des réfugiés qui attendent au Liban depuis sept, huit ou dix mois. Alors qu’elles savent qu’une famille est censée venir au Canada, elles se font servir ce genre de réponse : « Nous sommes désolés, mais il se passe beaucoup de choses qui font que cela ne se produira pas avant deux ou trois mois ou peut-être avant un ou deux ans. »
Que dites-vous à ces parrains privés à propos des familles qui n’attendent que de pouvoir prendre l’avion pour venir s’installer dans notre grand pays? Les fonctionnaires de notre pays…
Son Honneur le Président : Honorable sénateur, si vous souhaitez que le ministre réponde à la question, vous devriez le laisser répondre maintenant, parce que le temps est écoulé.
L’honorable John McCallum, C.P., député, ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté : Le temps m’est peut-être compté également. Je serai très bref.
Comme je l’ai déjà dit auparavant, je suis probablement le seul ministre de l’Immigration du monde dont le problème est de ne pas pouvoir faire venir les réfugiés assez vite pour satisfaire tous les Canadiens généreux qui veulent les accueillir, y compris ceux dont vous parlez.
Nous avons fait de notre mieux pour nous préparer à les accueillir. Nous pourrons accueillir ceux qui ont présenté une demande avant la fin de mars. Cependant, comme je l’ai dit plus tôt, si nous accueillons encore plus de réfugiés syriens, il y a d’autres personnes que nous devrons accueillir en moins grand nombre, que ce soient des réfugiés africains, des conjoints ou d’autres personnes. Nous avons fait tout ce que nous pouvions faire pour les réfugiés syriens cette année.
Il reste encore un an, mais nous recevons bien d’autres demandes concurrentes de la part de personnes qui ont des raisons tout aussi légitimes de venir dans notre pays. Il faut limiter le nombre de personnes que nous accueillons, puisque nous devons nous en tenir à un total bien défini.
Si le temps est écoulé, je tiens seulement à profiter de l’occasion pour dire à quel point j’ai été ravi de pouvoir parler au Sénat pour la toute première fois.
Monsieur le Président, vous vous êtes adressé à moi comme à un sénateur. C’est peut-être une fonction que je serai appelé à occuper dans l’avenir, mais pas aujourd’hui. Je tiens cependant à vous remercier tous de m’avoir permis de comparaître devant vous.