L’honorable Jim Munson : Monsieur le leader, il est très rare qu’un ministre des Affaires étrangères qui se déplace pour s’entretenir avec son homologue soit autorisé ensuite à rencontrer le premier ministre. Ce n’est pas ce qui se fait normalement. Je sais que vous parlez de la préparation en vue sommet du G20, mais je sais aussi que le ministre chinois des Affaires étrangères a insisté pour rencontrer le premier ministre Trudeau. Je crois comprendre que le premier ministre ira en Chine au mois d’août avec une importante délégation pour discuter de commerce et d’autres enjeux.
Notre ministre des Affaires étrangères a omis de s’engouffrer dans la brèche, pour ainsi dire, à propos d’une question très légitime qui lui a d’abord été posée, et non au ministre étranger, laissant donc la brèche ouverte. Comme vous avez déjà travaillé au cabinet du premier ministre, pouvez-vous nous assurer que, dans les réunions avec M. Xi Jinping, qui parle d’un ton assez autoritaire et règne d’une main de fer en Chine en ce moment — en tout cas, selon les écrits de sinologues comme Charles Burton, de l’Université Brock, et d’autres, comme Jonathan Manthorpe, qui écrit dans iPolitics —, lorsque la question des droits de la personne est soulevée, on en parle de façon directe? Les premiers ministres disposent de moyens pour parler aux présidents et aux autres premiers ministres des droits de la personne en général.
N’oublions pas, monsieur Harder — monsieur le leader du Sénat…
Des voix : Oh, oh!
Le sénateur Munson : J’ai dit cela en raison de la fonction diplomatique qu’il a déjà occupée au Conseil commercial Canada- Chine. Il connaît la Chine.
D’un autre côté, nous ne pouvons pas faire fi du commerce avec la Chine. C’est simplement impossible. Nous ne pouvons pas non plus faire fi du fait qu’il y a des centaines de dissidents…
Le sénateur Mockler : Quelle est votre question?
Le sénateur Munson : C’est pour moi une occasion de parler. Nous sommes vendredi matin. Je suis bien reposé. À peu près tout me rend de bonne humeur.
Le sénateur Mercer : Écoutez, Percy!
Le sénateur Munson : Au moins, sénateur Mockler, je suis capable de tenir pareils propos, que je sois ici au Sénat, à l’extérieur ou n’importe où au Canada. Ce serait loin d’être le cas si j’étais en Chine, je peux vous le garantir…
Des voix : Bravo!
Le sénateur Munson : … parce que j’ai vu de mes yeux à quoi ressemble l’intérieur d’un certain nombre de prisons chinoises, y compris celle qui se trouve dans la Cité interdite.
Maintenant que je suis lancé, savez-vous ce que le gouvernement chinois se plaît à dire? J’ai été intercepté par les policiers à quelques reprises et il m’est même arrivé d’être quelque peu rudoyé. Les autorités me disaient toujours, dans ces cas-là, que je heurtais les sentiments du peuple chinois. Elles disent toujours cela. C’est ce qu’elles disent à tout le monde. Voici ce que je leur répondais : « Comment voulez-vous que je heurte les sentiments du peuple chinois si vous l’empêchez d’entendre ce que j’ai à dire? »
Tout ce que j’essaie de dire ici ce matin, c’est que j’aimerais bien que vous nous assuriez que, lorsqu’il est question des droits de la personne en Chine et de dissidents, M. Trudeau n’hésitera pas à désigner nommément les nombreuses personnes qui croupissent en prison, et je pense particulièrement au lauréat du prix Nobel de la paix. À mon avis, il faut absolument que le Canada agisse de front au lieu de privilégier les tractations de coulisse comme le font la Grande-Bretagne et l’Allemagne. C’est impossible de parler au dalaï-lama, et les dirigeants actuellement au pouvoir n’hésitent pas à recourir à l’intimidation. Selon moi, les Canadiens ont besoin d’obtenir ces assurances.
Le sénateur Harder : Je remercie l’honorable sénateur de sa déclaration-question. Pour m’être moi-même déjà entretenu de droits de la personne et d’économie directement avec des représentants des autorités chinoises et pour avoir assisté à de nombreuses rencontres là-dessus entre divers premiers ministres et des dirigeants chinois, je peux vous assurer que le gouvernement du Canada va continuer d’assumer toutes les responsabilités qui lui incombent dans cette relation, y compris en ce qui concerne la promotion des droits de la personne et de toutes les questions susceptibles d’intéresser les Canadiens et le Sénat.
Je vais transmettre la demande du sénateur au gouvernement du Canada, mais je tiens à souligner que, fidèle à sa tradition, la diplomatie canadienne est active dans ces dossiers et continuera de l’être dans le cadre de nos relations avec la deuxième économie du monde, que nous accompagnerons en outre dans sa transition.